Roland Giguère, Trois Poèmes

À la suite

La nuit brûle à nos flancs

et les lendemains reposent

la main forge une heure de plus

qu’il faudra vivre sans déchirement

le temps coule

la pluie tombe sur l’auvent

comme on écrivait auparavant

on aura tout dit sans blesser personne

on aura tout fait dans l’ombre

et le sillon sera nu

quand vous prendrez la charrue.

***

Nous ne mourrons pas

Nous ne mourrons pas ainsi

sans avoir changé la couleur de nos draps

nous ne mourrons pas assis

au milieu du débat qui pourrit

la lampe éclate sur nos genoux

comme un cri longtemps retenu

la lueur est sauve dans les débris.

***

Vu de dedans

Je n’ai jamais vu ce que vous me racontez

des îles mauves où le soleil est d’acier

je n’ai jamais vu ces vierges qui saignent

sur une plage de parasols salés

je n’ai jamais vu non plus

ce que vous dites être vrai

dans vos périples échevelés

je n’ai vu que vos yeux et j’imagine

sans savoir où aller.

Osiris 15, 1982

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