Alain Fabre-Catalan

CARNET DE L’ÉPHÉMÈRE

Dans le présent décomposé
au passage de la disparue
face à l’horizon tu mesures l’enfer
la matière du deuil à peine murmurée
comme au tournant d’une autre vie

Sphinx fuyant le soir
à son approche plus vive présence
tu creuses le chemin à ton pas
la mesure indéchiffrable
ouvre le balancier de tes jambes

Brûlure immédiate
d’un même sang précipité
ta nudité rieuse résonne au bout des doigts
ultime étreinte hors des murets

Dons impalpables de l’écume
j’ai reconnu l’intime ferment que sont les lignes
jetées par le travers des heures
vertige de haute mer une phrase s’obstine
autant nuit que jour flamme acérée
ce vers à ta bouche comme vague s’assemble

À son envol j’ai pris le large
où vient battre la mer dans le bleu dévasté
je veux aller boire où tant de signes ont naufragé

OSIRIS 95

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