Tes sourires, les lueurs dans tes yeux, tes tremblements emmêlés. Tous tes visages disséminés dans le littoral du temps, leurs teintes insouciantes, leurs poussières lourdes. Tous tes possibles inachevés, rivières errantes au creux de tes âges. Chacun de tes balbutiements pour arriver au chant.
Quelques miettes d’enfance au creux de ta main, tu mendies pour réparer la mémoire. Le firmament tremble encore sous tes paupières. Tu cherches l’envers des heures de l’autre côté du crépuscule. La rumeur consolée de ton sang. Quelques brins de lumières au creux de ton âme, tu persistes à trouver des embellies.
Tremblante d’exister, tu balbuties des mots venus de tes nuits. Tu sondes les ombres, ériges un pont que tu traverses, une douce brise répandue sur tes épaules. Le silence apaise tes égarements. Tu touches la beauté. Tu résides neuve dans l’instant.
Years and years I loved you when you lay in my womb. Joyce
La terre est un entassement de pages douloureuses, qui sont poussées vers le ciel au lever du vent et font penser au souffle.
Là où la sœur du sommeil se cache, se rendent visibles tant de petits murs. « tout annonce ta présence, ma lassitude, notre interminable patienter. »
on n’entend pas un bruit et tout événement s’ouvre en paroles animées qui serrent de toutes parts les choses. commencent ainsi sur la terre bien des récits privés de fondement. « des années durant je t’ai aimée lorsque tu me tendais la main. »
peu avant que la jeune fille se remette à marcher, le temps se met à renverser la terre, à faire tourner le ciel, à vider les maisons et à les emplir de nouvelles voix. sans ce souffle, les lèvres se glacent et se serre le cœur.